Grand outsider de la Coupe d’Asie des Nations de football (Qatar-2023), la sélection jordanienne a déjoué tous les pronostics et créé la sensation en accédant, avec l’art et la manière, à la finale du plus prestigieux tournoi asiatique. Des moments historiques pour tout le Royaume hachémite.
Auteurs d’un exploit inédit dans les annales du football jordanien, les Nashama, dont la plus haute performance reste deux quarts de finale perdus en 2004 et 2011, commençaient à y croire au fil des matches, portés par le coach marocain aguerri Houcine Ammouta, qui n’a pas pourtant fait l’unanimité à son arrivée, il y a à peine quelques mois.
Discret mais méticuleux, Ammouta a réussi là où beaucoup d’autres ont échoué. Grâce à son sérieux, sa minutie et sa quête perpétuelle du meilleur, il a su engager les siens sur la voie de la perfection.
« Au début, c’était un peu compliqué, mais nous n’avons pas tardé à nous comprendre, à assimiler sa philosophie et sa vision des choses », résume l’attaquant Ali Alwane, évoquant les débuts tumultueux et surtout l’incompréhension du nouvel entraîneur et son staff par les supporters et une certaine presse nationale.
« C’est quelqu’un de très strict, avec une forte personnalité, respectueux et fidèle à ses principes et ses valeurs. Il ne cesse de nous pousser vers l’avant, avec toujours la même exhortation: croyez en vous, respectez l’adversaire, mais pas trop ! », a dit le jeune attaquant du club qatari d’Al-Shamal dans des déclarations aux médias.
Les débuts étaient en effet laborieux face à un public impatient qui exigeait des résultats dans l’immédiat. Mais lui, Ammouta, était confiant, imperturbable, et a laissé opérer en douceur sa magie.
Le public se remémore toujours l’épopée de feu Mahmoud Johary qui a qualifié les Nashama, en 2004, pour la toute première Coupe d’Asie des Nations de leur histoire, se hissant jusqu’en quart de finale, perdu face au Japon, futur vainqueur de l’épreuve.
Désormais, le nom de Ammouta revient sur toutes les lèvres après le parcours rocambolesque de son équipe au Qatar. Par ses succès éblouissants, en particulier aux tours à élimination directe face à l’Irak (3-2), au Tadjikistan (1-0) et à la Corée (2-0), il a répondu, à sa façon, à ses détracteurs, effaçant de passage les traces des divergences nées de ses choix à l’entame de sa mission, ponctuée de revers successifs en matches amicaux préparatoires à la Coupe d’Asie.
Le coach marocain, habitué des compétitions de haut niveau, a ainsi écrit une nouvelle page de l’histoire du football jordanien et conquis le coeur et la confiance de tout un peuple. Le rêve se poursuit toujours et désormais le titre est en ligne de mire.
Dans sa carrière d’entraîneur, Ammouta s’est déjà illustré sur la scène continentale en remportant plusieurs titres en Afrique avec les clubs marocains du Wydad Casablanca et du FUS Rabat, mais aussi en Asie avec Al-Sadd du Qatar. Son palmarès compte également plusieurs titres en Coupe du trône et en Championnat du Maroc, ainsi que le Championnat d’Afrique des Nations avec les Lions de l’Atlas (joueurs locaux).
En finale de la Coupe d’Asie, samedi à Doha, la Jordanie affrontera le Qatar, pays hôte et tenant du titre. C’est seulement la troisième fois en 18 éditions que deux nations arabes s’affrontent pour le titre après A.Saoudite-Emirats (4-2 en 1996) et Irak-A.Saoudite (1-0 en 2017).
Et l’aventure ne fait que commencer, car une fois tournée la page de la Coupe d’Asie, Ammouta devrait relever un autre challenge de taille, à savoir assurer aux Nashama une place aux phases finales de la prochaine Coupe du monde, pour la première fois de leur histoire.
« Nous connaissons parfaitement Ammouta. Son palmarès parle de lui et nous faisons confiance à l’école marocaine. Pour nous, la Coupe d’Asie n’est qu’une étape préparatoire pour les qualifications au Mondial-2026, dans la perspective d’une qualification inédite », a indiqué la secrétaire générale de la Fédération jordanienne de football, Samar Nassar, sur son compte X.
Les éliminatoires marathoniennes de l’AFC pour le Mondial nord-américain s’étalent jusqu’en novembre 2025. Exemptée du 1er tour, la Jordanie figure dans le groupe G du deuxième tour avec l’Arabie Saoudite, le Pakistan et le Tadjikistan.
À l’issue de ce tour, les deux premiers des neuf groupes disputeront un troisième tour où ils seront scindés en trois groupes de six. Les deux premiers de chaque groupe se qualifient directement pour le Mondial-2026, alors que les meilleurs troisièmes joueront un barrage avec encore deux places en jeu.
Pour la toute première fois, l’Asie enverra directement huit sélections à la Coupe du monde. Une neuvième équipe participera au tournoi de barrage de la FIFA et aura donc la possibilité de faire gonfler encore le contingent de sélections de l’AFC qualifiées pour le Mondial nord-américain.
La performance des Nashama aura certainement un impact positif sur tout l’écosystème du football jordanien et contribuera à son embellie après un passage à vide et des années de disette.
MAP / Salah Aouni